Bijoux

Le rêve hollywoodien d’un joaillier montréalais

Cet été, Claudio Pino a vu une de ses bagues figurer dans une grande production américaine, pour la deuxième fois. Après The Hunger Games en 2013, un des rôles principaux féminins du film La tour sombre porte à son doigt une création conçue sur mesure par le joaillier québécois.

Son accent chantant laisse résonner ses origines chiliennes. Claudio Pino parle de son métier, la joaillerie artistique, avec une ferveur que seuls les vrais passionnés démontrent. « C’est mon monde, c’est ma passion et je m’amuse beaucoup avec ça », raconte-t-il, évoquant une flamme qu’il nourrit depuis maintenant 25 ans.

L’étincelle est là depuis plus longtemps encore. Dans son Chili natal, son père sculptait le bois. Les aspirations artistiques de Pino se sont manifestées en le côtoyant. Il décide de se consacrer d’abord à la peinture. « Mais j’ai toujours été fasciné par les bijoux, les pierres, les matériaux… »

Cet intérêt l’a poussé jusque sur les bancs de l’École des métiers du Sud-Ouest de Montréal, d’où il sort diplômé en joaillerie en 1995. La particularité de son travail : il ne moule pas ses créations, uniques parce qu’il les assemble pièce par pièce. Le joaillier taille les pierres précieuses, sculpte et courbe les matériaux pour traduire des thématiques, des émotions, des idées ou des récits.

Hunger Games, puis La tour sombre

En 2013, certaines de ses créations ont été présentées à la costumière Trish Summerville, qui travaillait alors pour le film Hunger Games. Un peu plus tard, cette même année, le personnage de Cesar Flickerman, joué par Stanley Tucci, portait deux des pièces de la collection.

« Hunger Games m’a apporté beaucoup d’opportunités. »

« J’avais énormément travaillé pour réussir à vivre de mon art, mais avec ce film, j’ai obtenu plus de visibilité », dit Claudio Pino.

Plus tard, pour sa collection Cristalline, il a exploité le polycarbonate, ce matériau transparent d’une grande solidité, utilisé pour fabriquer des boucliers de police ou protéger les banques. Une gamme composée de trois bagues seulement, qui a capté l’attention de la styliste de Hunger Games avec qui il avait collaboré, cette fois employée sur le plateau de La tour sombre.

Elle l’a donc recontacté l’année dernière afin qu’il crée un design unique pour le film réalisé d’après le roman de Stephen King. « Elle m’a demandé de créer quelque chose dans la thématique de la transparence, dans l’esprit de la collection Cristalline, qui allait être porté par le personnage de Tirana [interprétée par Abbey Lee], habillée en rouge. »

Le résultat : une bague futuriste, en polycarbonate, ornée d’un rubis. Robuste, mais à l’allure délicate et fragile. « Cette substance me fascine et ça allait avec le personnage aussi », décrit l’artiste.

La commande a dû être livrée en moins de deux semaines. « Je n’ai pas dormi, ç’a été un de mes gros défis, mais je l’ai fait », raconte fièrement Pino qui n’a pas l’habitude d’accepter des échéances de moins d’un mois. 

Les retombées de cette deuxième collaboration avec Hollywood continuent de lui donner des raisons de se réjouir de sa décision. « Plus d’invitations, plus de clients… », énumère-t-il, confiant de voir de nouvelles occasions pour des films se présenter bientôt.

Montréal avant tout

Installé à Montréal depuis 30 ans, Claudio Pino voyage énormément pour le travail, mais revient toujours dans « sa ville », où son atelier l’attend. Ce n’est pourtant pas ici que son art est le plus prisé. « On me connaît dans le milieu ici, mais ça a commencé à l’extérieur et ça fonctionne surtout à l’international », dit-il.

C’est donc de son atelier montréalais que l’artiste prépare ses prochaines expositions à Toronto, New York et Paris. Il présente en ce moment ses pièces à la Guilde des métiers d’art de Montréal, à la 18 Karat Gallery de Toronto et à la Mobilia Gallery de Cambridge, aux États-Unis.

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